Parigné-sur-Braye
Parigné-sur-Braye 

L'église de Parigné sur Braye

Notice rédigée par Julie MAVIEL

Guide-conférencière pour le Pays d’art et d’histoire Coëvrons-Mayenne

Parigné-sur-Braye est un lieu aux origines très anciennes puisque cette petite bourgade était placée à proximité d’une voie de communication antique importante. Cette route reliait en effet la ville de Jublains à la ville d’Avranches (Manche), 2 cités éminentes durant l’Antiquité.

Au Moyen-âge, le village de Parigné-sur-Braye était traversé par un chemin très fréquenté par les pèlerins jusqu’au XVIIIe siècle. Il s’agit du chemin montais qui conduisait les pèlerins du tombeau de Saint Martin à Tours au Mont Saint Michel, en passant par Le Mans.

Le nord du département de la Mayenne était donc traversé par ce chemin. On en retrouve encore aujourd’hui quelques traces qui font le bonheur des amateurs de randonnée. Saint-Pierre-sur-Orthe, Saint-Martin-de-Connée, Izé, Bais, Grazay, Aron, Mayenne, Parigné-sur-Braye, Chatillon-sur-Colmont, Colombier-du-Plessis, Lévaré, La Dorée et Landivy constituaient les 13 villes étapes mayennaises. Chaque étape était séparée d’environ 6 km qui correspondait au trajet maximum que les chevaux pouvaient effectuer au galop.

 

L’édification de l’église remonte au début du XIe siècle. On peut affirmer qu’il existait une église bien avant l’an mil dont aucune trace n’est visible aujourd’hui. En effet, dans les actes des évêques du Mans, on fait mention de l’église de Parigné qui fut fondée au IVe siècle par Saint Thuribe, 2nd évêque du Mans (successeur de Saint Julien). A partir du XIIIe siècle et jusqu’à la Révolution, la seigneurie paroissiale a appartenu à l’abbaye de Savigny (Avranches).

 

L’actuelle église est le fruit de plusieurs siècles de modifications.

La partie la plus ancienne, d’origine romane (XIe siècle) est la nef. On peut voir des petites ouvertures caractéristiques de cette période ainsi qu’un appareillage des murs extérieurs en feuille de fougères. Les pierres sont placées en formes d’arêtes de poisson, un agencement qui a été largement utilisé pendant la période romane.

Le chœur à chevet plat en revanche a été reconstruit au cours du XVe siècle. La fenêtre du chevet divisée en 3 lancettes par son remplage appartient à un modèle peu fréquent.

Au XVIIe siècle, on ajoute les chapelles latérales. On peut voit la date de 1660 sur l’arc intérieur de la chapelle nord et celle de 1668 sur la porte sud.

Les deux autels présents à l’entrée du chœur vont alors être placés dans les chapelles pour permettre une meilleure visibilité et pour permettre d’accéder à la table de communion.

C’est à ce moment là que l’on décide de construire le retable du maitre-autel.

 

Pour comprendre l’importance de ces retables dans l’histoire de l’art, il faut comprendre le contexte dans lequel ils ont été construits. Au cours du XVIIe siècle, on construit peu d’églises nouvelles. Les styles roman et gothique ne sont plus à la mode. Toutes les églises de France se dotent d’un nouveau décor. C’est la période où on va masquer les peintures murales romanes avec un enduit et faire passer le message de l’église vers d’autres supports notamment par les retables.

Par ces changements de décor, on souhaite un renouveau spirituel au sein des églises catholiques. Avec la Contre-réforme et au lendemain des guerres de religion, l’Église triomphe, elle veut reconquérir une partie des fidèles qui étaient partis vers le protestantisme.

Une école va apparaître en Mayenne : c’est celle de l’école lavalloise. L’architecte Pierre Corbineau va en être un des maîtres à penser. Lui et d’autres retabliers vont construire des centaines de retables en Mayenne, en Sarthe mais aussi en Bretagne et en Anjou. En un siècle et demi, près de 600 retables lavallois sont ainsi construits ! Laval est donc au XVIIe siècle le centre de diffusion d’un modèle original de retable. Le retable lavallois est caractérisé par l’utilisation du marbre local (Argentré, Saint-Berthevin) et des tuffeaux des bords de la Loire.

Créés pour renouveler le décor, ces retables permettaient d’offrir aux fidèles un véritable spectacle.

 

Le retable du maître-autel de l’église de Parigné est remarquable. Il est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis l’année 2000.

Il a été réalisé par François II Houdault qui était le fils adoptif de Pierre Corbineau, le chef de file de l’école lavalloise de retable. Il va apprendre toutes les ficelles du métier avec lui.

Commencé en 1646, François II Houdault achèvera son œuvre en 1649.

 

Des niches accueillent des statues en terre cuite polychromes : Saint-Pierre et Saint Paul.

Une statue de la Vierge a été placée dans la niche supérieure. Mais il ne devait pas s’agir de la statue présente à l’origine car elle est plus petite que la dimension de la niche. Il est très fréquent que les retables n’aient pas conservé leur statue d’origine (pillage lors de la Révolution ?, vol ?, déplacement vers une autre paroisse ?, mauvaise conservation ?)

Autre détail intéressant : la niche supérieure du retable reçoit traditionnellement la statue du Saint Patron. A l’église de Parigné-sur-Braye il s’agit de Saint-Cénéri. L’église en fait avait été dédiée une première fois à Notre Dame puis au cours du XIIe siècle (1186), la dédicace a été modifié et porté à Saint-Cénéri. Mais aucune des statues présentes dans l’église ne représentent Saint Cénéri.

 

Quelle est l’histoire de Saint Cénéri ?

Il nait à Spolète en Italie au VIIe siècle dans une famille chrétienne. Avec son frère Saint Cénéré, ils se rendent à Rome et entrent dans l’ordre bénédictin. Le pape les fit Diacre-Cardinaux. Mais ils décident de renoncer à leurs privilèges en devenant ermite. Ils se dirigent vers la Gaule avec la mission d’en convertir et éduquer la population. Ils s’installèrent à Saulges dans une grotte près de la rivière l’Erve. Quelque temps plus tard, Saint Cénéri quitte son frère en recherche de solitude et s’installe dans le village de l’Orne qui porte son nom : Saint Cénéri le Gerei qui est un des plus beaux villages de France. Il part en compagnie du jeune Flavard, un disciple.

Saint Cénéri découvre près d’une rivière un endroit propice à son installation. Il y construira une hutte faite de branchage qui lui sert à la fois d’oratoire et de cellule. Une chapelle au XVe siècle sera construite à cet emplacement.

De nombreux miracles lui sont attribués : le plus connu est qu’il fit jaillir une source pour combler sa soif qui depuis n’a pas cessé de couler. Une fontaine est d’ailleurs visible près de la chapelle.  

La réputation de la sainteté de Cénéri grandit et des disciples commencent à venir le rejoindre pour fonder une communauté chrétienne. On parle de 140 moines bénédictins au total. De nombreux pèlerins affluent. Il construit alors une église en bois au sommet d’un promontoire rocheux en 669. Il meurt une année plus tard en 670 à l’achèvement de l’église qui selon son souhait est dédiée à Saint Martin du Mont Rocheux. Il y sera inhumé.

Rapidement, l’église prend le nom de son fondateur. Un village se dessine autour de l’abbaye.

Deux siècles plus tard, le village est menacé par les invasions normandes qui ravagent la région. L’abbaye et l’abbatiale seront brulées.

Pendant longtemps, il n’y a plus d’église à Saint Cénéri. Une nouvelle église voit le jour en 1089 (achevée en 1125). Il s’agit d’un édifice classé Monument Historique par notamment la qualité des peintures murales qui remontent au XIIe siècle pour les plus anciennes.

 

En l’église de Parigné-sur-Braye, on a attribué par erreur la statue dans une des niches à l’entrée de la nef à Saint Cénéri. Or il s’agit d’Isidore patron des laboureurs.

Saint Cénéri est représenté traditionnellement en ermite avec les insignes de sa fonction de cardinal : une robe et un chapeau de couleur pourpre. 

fresques présentes dans la chapelle Saint-Pierre de Varennes-Bourreau (Saint-Denis-d’Anjou). Elle représente les frères Saint Cénéri et Saint Cénéré.

statue de Saint-Cénéri présente dans la chapelle du petit Saint-Célérin à Saint Cénéri-le-Gerei. 

Le retable possède un tableau central qui date du XVIIIe siècle. Il remplace le tableau originel puisque le retable a été réalisé un siècle plus tôt. L’œuvre picturale représente « l’Ascension ». Des traces d’arrachement sont visibles à l’emplacement de l’ancien autel du retable.

 

L’église de Parigné-sur-Braye possède une diversité de décors et notamment une série de statues en bois originales qui représentent Saint-Roch et de Sainte Barbe. Elles n’ont pas fait l’objet d’une étude approfondie mais il semblerait qu’elles dateraient du XVIIIe siècle (plis raides).

 

Une statue illustrant « L’éducation à la Vierge », vraisemblablement en terre cuite, est présente dans une des chapelles latérales. Datation ?

 

Une statue de la Vierge à l’enfant est placée à l’entrée de la nef sous l’escalier. En pierre, elle copie les modèles des statues de la Vierge que l’on édifiait au cours du Moyen-âge. Datation ?

 

Un retable en bois qui accueille un tableau de « la Cène » de Jean Gourdier de 1829 (peintre de Mayenne au XIXe siècle),  orne une des chapelles latérales. De même, nous retrouvons à l’entrée de l’église un retable similaire avec cette fois un tableau représentant « le Baptême de Jésus ». Il est fort probable que cette peinture soit attribuée à Jean Gourdier aussi.

Ce type de retable par sa structure à fronton triangulaire est caractéristique de la première moitié du XIXe siècle. Nous retrouvons une peinture de « la Cène » dans un retable en bois à l’église de la Bazoge Montpinçon qui possède des similitudes avec la représentation présente à Parigné-sur-Braye (couleur, style). Peut-être s’agit-il du même peintre ?

 

Au cours du XIXe et XXe siècle, l’église a connu beaucoup de modifications

En 1899, on signale que l’église est tombée dans un état de délabrement qui nécessitera de nombreux travaux. Quelques travaux de restaurations vont être ainsi effectués (pas le détail dans les archives).

Après la Révolution Française, beaucoup d’églises vont être pillées, saccagées, laissées à l’abandon.

Les restaurations effectuées au début du XIXe siècle n’ont pas été suffisantes pour garder l’ensemble dans un état correct car un siècle plus tard, au début du XXe siècle, l’état de l’église était devenu alarmant. Les habitants de la paroisse vont se plaindre de son mauvais état. La charpente menaçait de s’effondrer.

Le rapport de l’architecte est clair : « La couverture en ardoise et le lattis sont complètement pourris et en si mauvais état que depuis longtemps déjà toute réparation est devenue impossible. La charpente du clocher est aussi pourrie et disloquée. La plupart des tenons ont disparu et les mortaises sont entièrement rongées. Le clocher du reste mal équilibré ne nous parait pas réparable et sa démolition s’impose si l’on ne veut pas attendre qu’il devienne un danger pour la sécurité publique.»

 

On va donc entreprendre d’importants travaux de restauration menés par l’architecte Alfred Tessier qui a travaillé dans de nombreux chantiers de restauration d’églises en Mayenne et en Sarthe.

L’église va donc au XXe siècle faire peau neuve :

-la charpente et la couverture en ardoise sont refaites

-on consolide les murs qui étaient lézardés

-le sol (anciennes pierres tombales) va être changé en dallage en ciment

-le clocher va être construit avec une flèche de 14 mètres de haut.

-les enduits intérieurs vont être refaits

-les vitraux vont être posés

-d’anciennes fenêtres bouchées vont être ouvertes.

 

Les travaux auront pour conséquence de diminuer un peu la superficie intérieure de l’église mais cela ne pose pas de problème majeur car l’église était considérée comme trop grande pour les besoins de la population au début du XXe siècle (en 1897, 476 habitants).

 

Situé à proximité de grandes voies de communication, Parigné-sur-Braye nous livre par ses racines historiques très anciennes un témoin précieux de l’histoire de la Mayenne. Son église, fruit de nombreux siècles de modifications, nous offre un riche ensemble architectural et une remarquable diversité de décors religieux.  

Sources :

-A. AngotDictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Mayenne, Éditions Régionales de l’Ouest, 1998 (réédition).

-Monographies communales, Parigné-sur-Braye, Archives départementales de la Mayenne1899.

- D. ERAUD, D. DE MAYNARD, J. PERRIN, J. SALBERT, Retables de la Mayenne, Images du patrimoine, Inventaire général, Nantes : ADIG, 1990.

-J. NAVEAU, Le patrimoine de la Mayenne : 500 sites à découvrir, SAHM, Laval, 2013.

-LAPORTE A., Parigné-sur-Braye, Les Cahiers du Pays de Mayenne, n°6, 1996.

-Archives départementales de la Mayenne (Fonds Fi, Série V, Inventaire des biens de l’église, Série E dépôt)

-Entretien avec Nicolas FOISNEAU, Chercheur à l’inventaire du patrimoine, Service Patrimoine du Conseil Général de la Mayenne.

 

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